Le Kathakali et ses instruments de percussion furent introduits en permanence au Canada et en Amérique du Nord dès 1976 par le chorégraphe Richard Tremblay et le compositeur Bruno Paquet. Ce dernier s’est joint à ce projet d’implantation, en tant que percussionniste, à partir de 1985. Depuis ce temps, en plus de participer à des présentations du répertoire de Kathakali comme interprètes, ces créateurs intègrent leur pratique de la danse et de la musique du Kathakali à leur création par des compositions pour percussion utilisant les instruments de percussion de cette danse-théâtre de l’Inde, et des chorégraphies de danse contemporaine dérivées des formes et rythmes du Kathakali. Voir : Le Lion du Panjshir (2003) et En Himalaya, Prayer for a Rope, a Pope, And a Rogue (2003). Richard Tremblay a donné son premier spectacle de danse Kathakali au Saguenay, en 1976, et a, depuis, dansé à Victoria, Vancouver, Saskatoon, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Montréal et Québec avec K. Gopalakrishnan (tournée du Canada de 1981), K. Karunakaran (1980) ainsi que la compagnie nationale indienne de Kathakali, le Kalamandalam de Kérala (1981). Depuis 1984, Bruno Paquet et Richard Tremblay ont présenté des pièces du répertoire peu connues, comme le Gitopadesham, ainsi que des pièces de Kathakali de leur crue telles que Au Clair de la Lune (créé à Montréal, en 1985), Origines (Montréal, 1988 – 94-96), L’Iliade ou l’Histoire d’Achille (Kérala, 1988 – 91-93) et Ulysse (Kérala, 1994).
Une tentative en vue d’implanter le Kathakali au Québec et au Canada avait été faite auparavant par un descendant d’une famille de gurus (gurukkula) du Kérala, qui, dans les années 50, a demeuré pendant deux ans dans un petit appartement de la rue Sherbrooke, à Montréal, contribuant de plusieurs concerts avec sa partenaire d’origine australienne.
Catégorie : Entre les lignes
Prologue pour carillon de clocher et percussion de Kathakali *
Les tambours du kathakali sont des instruments qu’on n’entend qu’en de rares occasions en Amérique du Nord. En août 1997, un public local à Montréal, assistait à un événement qui s’est tenu en plein air, à l’extérieur des studios des Espaces Galilée. L’événement comprenait, en première partie, un concert où les cinq cloches du carillon de l’église Notre-Dame de Grâce furent mises à contribution dans un prélude pour percussion de Kathakali et carillon de clocher. Suivant ce prologue d’une trentaine de minutes, donné à la tombée du jour dans le parc de l’église attenant au lieu de présentation, le spectateur était convié à une représentation de kathakali dans la chapelle attenante à l’église Notre-Dame de Grâce.
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(*) Prologue pour carillon de clocher et percussion de Kathakali. Arrangement et composition de Bruno Paquet, avec la participation de Jean-François Pedneault, Shawn Mativetsky et Patrick Graham. Danse de /par Richard Tremblay, accompagné au chenda par Bruno Paquet.
Dans les annales du Kathakali, L’Iliade ou L’Histoire d’Achille du chorégraphe Richard Tremblay a été créée par le Kalamandalam de Kérala au Regional Theatre de Thrissur (Inde) en janvier et février 1988. marquant la première contribution de cette nature au répertoire du Kathakali. Cette œuvre considérable a été reprise en 1991, 1994 et 2000 en Inde ainsi qu’à Singapour. L’Histoire d’Achille fait partie d’un groupe de travaux mis de l’avant par le chorégraphe, parmi lesquels figurent l’aventure d’Ulysse (tiré de L’Odyssée), autre œuvre de Kathakali créée au Kérala, en 1994. Les thèmes des épopées grecques se prêtent au Kathakali parce qu’ils partagent des valeurs similaires avec les épopées de l’Inde : même éthique de la guerre, même sens de la vie, de l’amour ou de l’amitié, entre autres. On peut donc affirmer que la fonction principale du Kathakali est de donner une figuration de l’épopée avec la transmission d’un héritage de culture fondé sur le mythe religieux. Pour la critique asiatique, L’Iliade en Kathakali c’est la colonisation des épopées grecques par le Kathakali. (The Inkpot Reviews)
En avril 2002, les Espaces Galilée invitaient Pallavi Krishnan, danseuse de Thrissur (Inde), à présenter son programme de Mohiniyattam à Montréal. Le Mohiniyattam est originaire du Kérala, en Inde, et est apparenté au Kathakali. L’ensemble comportait, outre madame Krishnan, deux percussionnistes au maddalam, au chenda et à l’edakka, un flûtiste ainsi qu’un artiste vocal. Le spectacle fut présenté dans un cadre modeste, la salle Saint Sulpice de la Bibliothèque Nationale du Québec – si modeste soit-elle, cette salle n’en reste pas moins un lieu qui a marqué l’évolution du milieu artistique montréalais puisque les Enfant du Paradis (aujourd’hui Carbone 14) y ont présenté leurs premières productions, à la fin des années 70, et que plusieurs célébrités internationales y sont passées. Enfin, Danse Kalashas y a présenté Of Mice and Other Similar Devices en 1990, en collaboration avec Tangente qui présentait ses séries de danse dans cette salle. Kathakali Opus IX y présentait, en 1994, une reprise de Origines, création de Richard Tremblay et Bruno Paquet. Le spectacle de Pallavi Krishan de même que les concerts de musique indienne présentés à la salle Saint Sulpice continuent à enrichir ce lieu qui a son cachet particulier.
UN RAPPEL
Danse Kalashas, Montréal
Danse Kalashas fut la première compagnie à figurer à l’Agora de la danse dès l’ouverture, à l’automne 1991, de cette salle du département de danse de l’université du Québec, rue Cherrier. L’événement d’une semaine mettait à l’affiche une soirée de danse actuelle (contemporaine), Of Mice and Other Similar Devices (1990), l’œuvre fondatrice de la compagnie créée pour Tangente l’année précédente. La présentation était suivie d’un programme de kathakali et, en supplément de weekend, d’un programme spécial pour artiste invité. On pouvait assister en après-midi à une conférence et démonstration de danse et de musique kathakali. L’ensemble de ces spectacles et activités, supervisé par l’organisme montréalais de gestion culturelle Diagramme, s’est attaché à mettre l’accent sur les liens culturels et artistiques de la création à travers l’œuvre hybride de Richard Tremblay. Cette série d’activités connexes mais indépendantes plaçait la compagnie devant un défi, celui d’attirer un public à une compagnie naissante dans une toute nouvelle salle. Danse Kalashas et Richard Tremblay sont revenus à l’Agora en 1995 dans le cadre de la série Volet Chorégraphes de Danse Cité où la compagnie a présenté La Courbe en Flocon de Neige sur une musique composée et interprétée en direct par Bruno Paquet — un programme d’une semaine partagé avec le chorégraphe et directeur artistique Daniel Soulières à Volet Chorégraphes XII.
Reprise au WTC Auditorium de Singapour, en octobre 2000, L’Iliade fut l’occasion de la première collaboration du chorégraphe Richard Tremblay avec le scénographe Jean-Guy Lecat. Cette collaboration est venue de projets antérieurs, principalement celui d’une chorégraphie, en 1998, dans le cadre d’une exposition aux Galeries du Grand Palais en co-production avec plusieurs partenaires à Paris et la Fondation Vivier. Ce projet n’avait pas pu voir le jour par manque d’intérêt et de support de la part des subventionneurs au Québec et au Canada. La co-présentation par Danse Kalashas et l’Usine C de Prayer for a Rope, a Pope, and a Rogue, en février 2003, représente un autre temps de la collaboration des deux créateurs.
K. Gopalakrishnan à Montréal
Invité de Richard Tremblay à l’automne 1981, K. Gopalakrishnan participe à plusieurs conférences et démonstrations, notamment à la série montréalaise Art du Mouvement des Midis de la Place des Arts animée par Henri Barras. Pendant les quatre mois de son séjour à Montréal avec l’Institut de Kathakali, aujourd’hui Kathakali Opus IX, il donne plusieurs ateliers et participe à une tournée canadienne au cours de laquelle on peut le voir, en duo avec Richard Tremblay, dans les programmes suivants tirés du répertoire de kathakali : Santana Gopala, Kalyana Saugandhigham, Duryodhanawattam et Gitopadesham. K. Gopalakrishnan a aussi participé à la création de l’Iliade (1988) où il a tenu le rôle d’Achilles. En novembre 2002, et lors de son passage à Mexico, K. Gopalakrishnan revient à Montréal pour une courte apparition en solo et pour un atelier avec un groupe de théâtre local.