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TÉÂTRAM (Le Groupe)

Richard Trem­blay en rési­dence (1972)

La com­pa­gnie Le Groupe Téâ­tram (1974 – 81) est issue du Théâtre Com­mu­nal Contem­po­rain (TCC, 1970 – 74), un col­lec­tif diri­gé par Richard Trem­blay. Le Groupe Téâ­tram a été le creu­set des pre­mières œuvres du cho­ré­graphe en théâtre cho­ré­gra­phique ou théâtre de danse (cho­reo­gra­phic thea­ter). Très vite, le cho­ré­graphe s’im­plique dans le tra­vail d’un labo­ra­toire théâ­tral pour la danse-théâtre Katha­ka­li et la for­ma­tion de l’ac­teur de même que dans l’in­ter­pré­ta­tion et la créa­tion de nou­velles œuvres évo­luant sur deux décen­nies vers ses tra­vaux à Danse Kala­shas (1990-), sa com­pa­gnie de danse. Le pro­gramme de for­ma­tion de Téâ­tram en théâtre phy­sique a per­mis à de jeunes inter­prètes de se pré­pa­rer à l’en­traî­ne­ment en Katha­ka­li et leur a don­né l’op­por­tu­ni­té de suivre des cours de danse en Inde, par­ti­ci­pant au pro­ces­sus de créa­tion d’œuvres scé­niques quand cer­tains de ces inter­prètes choi­sirent de par­ta­ger les moments intenses de l’ex­pé­rience de vie et de tra­vail du groupe. Les prin­ci­pales créa­tions de Richard Trem­blay durant cette période sont : Rhi­no­cé­ros (TCC/Centre d’a­ni­ma­tion théâ­trale, 1971), œuvre cho­ré­gra­phiée d’a­près la pièce de E. Iones­co et pré­sen­tée au théâtre Gésu ; Angel et Clé­men­tine (TCC, 1972), sur des textes de la tra­gé­die ancienne ; Inter­mède (1974), théâtre cho­ré­gra­phique pré­sen­té au fes­ti­val de théâtre de l’U­ni­ver­si­té du Qué­bec à Chi­cou­ti­mi ; Madam’s Being Car­ried Away (1975) d’a­près Les Bonnes de Jean Genet et sur des textes de Racine et d’Eu­ri­pide, pré­sen­té à l’É­cole Natio­nale de Théâtre de Nou­velle Del­hi et, en ver­sion retra­vaillée, Les Éri­nies (1977), au Fes­ti­val de Nou­veau Théâtre de Bal­ti­more. La Ten­ta­tion de saint Antoine (1980) adap­tée de Gus­tave Flau­bert est la der­nière pro­duc­tion de Téâ­tram mon­tée avec la par­ti­ci­pa­tion d’une nou­velle équipe au petit théâtre du Ciné­ma Paral­lèle à Mont­réal. Issu de l’ex­pres­sion­nisme alle­mand, le théâtre cho­ré­gra­phique de Johann Kres­nik (19292019) uti­lise le texte en contre­point de la danse. Le Tanz­thea­ter Wup­per­tal, qui a déve­lop­pé son propre style, est une autre branche du même cou­rant de danse. The Katha­ka­li Ins­ti­tute et Danse Katha­ka­li de Mont­réal (1981 – 90) ont suc­cé­dé au Groupe Téâtram.

La tentation de saint Antoine (1980)
Adaptation et direction : Richard Tremblay.
De d à g : A. Bombardier, C. Poissonneau, J. Dubé et V. Pinette. Cinéma Parallèle, Montréal, les 13 et 14 septembre 1980, et du 17 au 28.
(Photo : J. F. Boucher, 1980)
Madame s'emporte ! / Les Érinyes (1975) 
Théâtre chorégraphique : Richard Tremblay.
De g à d : G. Bouchard, R. Tremblay, M. Michaud et L. Tremblay. Delhi, Baltimore, 1975-1977.

(Photo : Téâtram / Archives R. Tremblay)
Madame s'emporte ! / Les Érinyes (1975) 
Théâtre chorégraphique : Richard Tremblay. Auditorium du Centre Culturel, Mont-Jacob, Saguenay (Jonquière, Qué.).
Les 9 membres de l'équipe après la performance à la National School of Drama, Delhi, 1975. Debout à l'arrière-plan, Munnir Ahmed l'une des trois personnes-ressources de l'instution à la direction technique.

(Photo : Téâtram / R. Tremblay)
INTERMÈDE (1974) 
Théâtre chorégraphique : Richard Tremblay. Festival de théâtre, Université du Québec à Chicoutimi (Mars 1974) .

(Photo : A. St-Onge. Archives R. Tremblay)
GITOPADESHAM 
Répertoire théâtre de danse Kathakali.
De g. à d. : K. Gopalakrishnan (Krishna), Richard Tremblay (Arjuna). Gitopadesham (Répertoire de Kathakali). En tournée canadienne, automne 1981. Institut de Kathakali de Montréal (1981).

(Photo : J. F. Boucher, 1981)

Autres images de L’Ins­ti­tut de Katha­ka­li et Danse Katha­ka­li de Mont­réal (1981 – 90)

DURYODHANA VADHAM 
Théâtre de danse Kathakali.
K. Gopalakrishnan dans le rôle de Duryodhana. Duryodhana vadham (Répertoire de Kathakali)

(Photo : J. F. Boucher, 1981 /Archives Danse Kalashas)
GITOPADESHAM 
Théâtre de danse Kathakali.
De g. à d. : K. Gopalakrishnan (1951-2008) dans le rôle de Krishna et Richard Tremblay dans le rôle d'Arjuna.

(Photo : J. F. Boucher, 1981 / Montage : silentculture.)
The Anger of Achilles (1988-91-93, 2000) 
Théâtre de danse Kathakali. Répertoire et création.
Chorégraphie: Richard Tremblay

En coulisse à la premiere Kéralaise. Regional Theatre, Thrissur (Kérala, Inde). Richard Tremblay et Kalamandalam Gopi (à droite) dans le rôle d'Achille.
(Photo : Rajagopal, 1993)
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Le baiser

Salut à l’inconnu(e)

Avant de par­tir, nous nous sommes embras­sés ; rituel d’un adieu plus ou moins consen­ti. Lorsque Mathilde (nom chan­gé) s’est appro­chée d’Anil, celui-ci a pré­sen­té la joue. Elle a deman­dé, sur­prise : « Com­ment fait-on cela en Inde » ? Lui, pour toute réponse à une ques­tion for­mu­lée dans une langue qu’il ne com­pre­nait pas, a joint les mains sur la poi­trine et l’a saluée. Le geste la sur­prit ; ou peut-être la gêna-t-elle, y voyant une marque de pudeur et une hési­ta­tion devant une invi­ta­tion à la bise. Anil s’é­tait glis­sé der­rière un geste fami­lier, héri­té de son Inde mil­lé­naire, pour saluer l’in­con­nu… Les deux res­tèrent incon­nus l’un de l’autre. Ils se tinrent sur le seuil d’un bai­ser, et cela me parut scel­ler la véri­table bise d’adieu.

Richard Trem­blay dans une note à la suite d’un ate­lier qu’il a diri­gé en rési­dence au Centre cho­ré­gra­phique de Bel­fort (France, 1998) avec la par­ti­ci­pa­tion de Anil Kumar et de Guillaume Lemas­son.
Pho­to : Danse Kalashas

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Rencontre célèbre

Un gra­cieux narcissisme

On raconte qu’un jour Ein­stein fut témoin de la chute spec­ta­cu­laire d’un ouvrier de la construc­tion ; tom­bé d’un édi­fice à plu­sieurs étages, le tra­vailleur avait mira­cu­leu­se­ment sur­vé­cu. Ein­stein s’empressa de lui rendre visite à la pre­mière occa­sion, car il avait une ques­tion urgente et bien pré­cise à lui poser. La ques­tion du phy­si­cien était la sui­vante : « Qu’a­vez-vous sen­ti en tom­bant, cher mon­sieur ? » L’ou­vrier sou­rit et res­ta un moment silen­cieux. Il aurait pu répondre de plu­sieurs façons. Il aurait pu dire : « J’ai eu peur, j’ai pen­sé au mal­heur de ma femme, de mes enfants, de mon père, de ma mère, de mes amis, de mes frères et soeurs. » Ou : « J’ai sen­ti tout le far­deau de mes actions, de mes péchés dont je me repens. » Ou encore : « Je ne regrette rien. » Mais la réponse de l’ou­vrier fut tout aus­si remar­quable que la ques­tion du phy­si­cien : « J’ai sen­ti, mon­sieur, que je n’a­vais pas de poids », répon­dit-il. L’a­nec­dote est rap­por­tée par un des élèves du maître. Quoi­qu’il en soit du sort de ce tra­vailleur qui a mira­cu­leu­se­ment sur­vé­cu à l’ac­ci­dent, le célèbre phy­si­cien avait obte­nu la réponse qu’il cher­chait et il était allé là où il pou­vait l’ob­te­nir. Mais, de se deman­der le cho­ré­graphe enviant l’ou­vrier pour la renom­mée que lui atti­ra sa chûte, le court dia­logue aurait-il seule­ment pu avoir lieu si, au lieu d’un ouvrier, Ein­stein avait ren­con­tré l’un de ces maîtres de danse qui se laissent encore ten­ter par les ques­tions de gra­vi­té ? Le savant ne semble guère s’être pré­oc­cu­pé des cho­ré­graphes pour les ques­tions se rap­por­tant à la gra­vi­té, ayant cher­ché à inter­ro­ger un indi­vi­du sans pré­ju­gé qui n’a pas de poids en tom­bant. Ein­stein aurait vu dan­ser Mar­tha Gra­ham rap­porte-t-on d’autres sources, mais on ne relève aucun dia­logue mémo­rable à cet effet ; seule­ment un éloge ou deux adres­sés à la cho­ré­graphe que, peut-être, il savait qu’elle était aux prises avec le gra­cieux nar­cis­sisme auquel elle devait son génie.

Texte tiré de The Great Dis­co­ve­ry of Free Float. In Whee­ler, John A. (1990, 11).
Pho­to : Hen­ry & Co. from Pexels

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Apprendre en se mettant dans la peau de l’autre

« Do you have to be one to know one ?» (Fay : 1996).

Écrit au début des années 1980, l’ar­ticle « Intro­duc­tion au tra­vail de la eden­sen Inde »  intro­duit le rap­port de l’ap­pren­ti à son maître de danse dans un pro­ces­sus d’apprentissage inter­pré­té sous le regard d’un sujet dit « autre ». L’apprenti, qui assume le récit au nom du nar­ra­teur, y met en place le  rôle du sujet en dépla­ce­ment quand intra­néi­té et extra­néi­té ne peuvent se réa­li­ser que dans l’ar­ti­fice d’un jeu. Pour le nar­ra­teur impli­cite (ou expli­cite, celui qui écrit ?), l’apprentissage en ques­tion n’est que pré­texte au déploie­ment d’une méta­per­for­mance qui se déroule entre celui qui joue et celui qui est joué en allant de l’interchangeabilité des rôles au pira­tage de l’autre.

Trem­blay, Richard (1982). « Ini­tia­tion au tra­vail de la danse en Inde ». Les Cahiers de la danse de l’Inde (Kala­shas, éd. SILENTCULTURE), 10 – 30.

Pho­to : Kala­man­da­lam Gopi dans le rôle de Bahu­kan. (Pho­to : R. Trem­blay, 1978.)

Voir : Danse théâtre katha­ka­li.

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L’homme invisible

Un soliste de la danse se pré­sente : ni dan­seur, ni cho­ré­graphe,  anec­do­tique,  sin­gu­lier, mas­cu­lin, sous un corps qu’il a ren­du exo­tique en le sin­gu­la­ri­sant aux abords de l’ex­pres­sion­nisme alle­mand. Ain­si a‑t-il consa­cré l’exo­tisme de son corps par rap­port à celui du dan­seur enro­bé dans l’au­ra de la cou­leur, du rythme, de la per­cus­sion et du récit ; ni l’un ni l’autre se disant exo­tique pour autant.

AUTRES
Col­lec­tion de pho­tos prises au Kéra­la, Inde (R. Trem­blay, 19761981). Album de Katha­ka­li.

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Pour un lecteur fatigué

Conseil apo­cryphe d’un barde

Chaque jour à l’aube, fixer les rayons du soleil pen­dant cinq minutes pour amé­lio­rer la vue.

Tiré de Jil et Yill (2010 – 11-12). Cho­ré­gra­phie de Richard Trem­blay sur une musique de per­cus­sion de Bru­no Paquet. Dan­sé par Sophie Jannsens.

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Typologie de la bénévolence

Le per­son­nage — Danse de carac­tère sud-asiatique

Le « pat­cha » est la repré­sen­ta­tion visuelle d’un per­son­nage de katha­ka­li dont la cou­leur pré­do­mi­nante verte (pac­ca, en langue kéra­laise) du maquillage sym­bo­lise un degré de per­fec­tion idéal, d’a­près les trai­tés de l‘Inde pré-moderne. Le per­son­nage dit « pat­cha » a son nom (nāma en langue sans­krite) ins­crit en noir, rouge et jaune sur le front. Les yeux en forme de lotus ain­si que les lèvres pro­je­tées en gouttes de rosée aux com­mis­sures mettent en évi­dence sa nature bien­veillante, paci­fique et sen­suelle. Une pro­jec­tion for­mée de trois couches de papier est mon­tée sur la mâchoire et se pro­file des deux côtés jus­qu’au men­ton pour enca­drer le masque facial et mettre en évi­dence les nom­breuses expres­sions obte­nues par le mou­ve­ment des muscles faciaux. Les frères Pan­da­va dans les épo­pées de l’Inde, incluant Arju­na  ain­si que le roi Nala appar­tiennent à cette typo­lo­gie. Puisque la fonc­tion péda­go­gique du katha­ka­li est d’évoquer l’archétype du héros ou de l’héroïne en arti­cu­lant la carac­té­ri­sa­tion autour du récit épique, des per­son­nages exo­tiques comme celui d’Achille dans L’I­liade ont main­te­nant rejoint le groupe pac­cha vesham de la danse kathakali.

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Modification apportée aux tambours de Kathakali

Le chen­da et le mad­da­lam sont tra­di­tion­nel­le­ment accor­dés en tirant for­te­ment sur les cables qui en tendent les peaux. Bru­no Paquet a mis au point un sys­tème par lequel le câble ser­vant à l’ac­cor­dage de l’ins­tru­ment est rem­pla­cé par un sys­tème de câblage en kév­lar et de puis­sants ten­seurs qui donnent un plus grand contrôle sur la ten­sion. L’ha­billage du chen­da cache les ten­seurs. Voir : Inno­va­tions appor­tées au chen­da.

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Le héros belligérant

Repré­sen­ta­tion de la levée des armées dans les épopées

Le padap­pu­rap­pa­da est une cho­ré­gra­phie de la danse-théâtre Katha­ka­li repré­sen­tant le héros bel­li­gé­rant en train de lever les armées. La pièce, la décla­ra­tion de guerre de la danse théâtre Katha­ka­li, inclut l’ap­prêt des armes en vue des com­bats. Tra­di­tion­nel­le­ment, cette pièce de danse est lar­ge­ment repré­sen­tée par le per­son­nage de type kat­ti (lit­té­ra­le­ment, « cou­teau »). Le padap­pu­rap­pa­da a été uti­li­sé pour la pre­mière fois comme uni­té cho­ré­gra­phique dans la com­po­si­tion de mou­ve­ment de type pac­cha pour la créa­tion de l’I­liade en Katha­ka­li (The Anger of Achilles ou la Colère d’A­chille).

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Percussion de Kathakali et Mridangam

Concert. Avec le per­cus­sion­niste invi­té Tri­chy San­ka­ran et l’En­semble Maha­poo­ram sous la direc­tion de Bru­no Paquet.
Voir : Tala­vat­tam.