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Entre les lignes

Le baiser

Salut à l’inconnu(e)

Avant de par­tir, nous nous sommes embras­sés ; rituel d’un adieu plus ou moins consen­ti. Lorsque Mathilde s’est appro­chée d’Anil, celui-ci a pré­sen­té la joue. Elle a deman­dé, sur­prise : « Com­ment fait-on cela en Inde » ? Le dan­seur a joint les mains sur la poi­trine et l’a saluée pour toute réponse à une ques­tion for­mu­lée dans une langue qu’il ne com­pre­nait pas. Le geste la sur­prit ; ou peut-être la gêna-t-elle, y voyant une marque de pudeur et une hési­ta­tion devant une invi­ta­tion à la bise. Anil s’é­tait glis­sé der­rière un geste fami­lier, héri­té de son Inde mil­lé­naire, pour saluer l’inconnu(e). L’un et l’autre se vou­lurent étran­gers, supen­dus à un geste qu’ils n’arrivaient pas à finir.

Richard Trem­blay, à la suite d’une rési­dence au Centre cho­ré­gra­phique de Bel­fort (France, 1998) avec la par­ti­ci­pa­tion de Anil Kumar et de Guillaume Lemas­son.
Pho­to : Danse Kalashas